1963
Mon ancrage
Je suis né le 27 août 1963, cadet d’une famille de cinq enfants. Mon père a quitté sa lumineuse Sicile en 1956 pour travailler dans les mines du Centre. Ma mère l’a rejoint six mois plus tard. Aucun des deux ne parlait le français. Quel courage ! Quel exemple pour moi.
La famille est mon ancrage. Elle m’a appris la force, la loyauté et l’amour inconditionnel.
1969
Mes études
À l’école, tout me semblait facile. En secondaire, j’ai choisi latin-math un peu par hasard. Ensuite, un graduat en informatique, parce que j’étais fort en math et que je voulais des études courtes. Mon objectif : travailler vite et devenir joueur de foot pro.
Mes parents ne sont jamais intervenus dans mes choix. Pas une seule fois. Ils ne vérifiaient pas mes bulletins, mais je savais qu’ils m’aimaient profondément. J’étais libre, autonome, responsable.
1982
La RAAL & le Sporting de Charleroi
À 8 ans, je découvre le football à la RAAL La Louvière. Très vite, c’est devenu plus qu’un hobby : je jouais partout, tout le temps, avec une passion dévorante. À 19 ans, je rejoins l’équipe première en Division 2 nationale, tout en étant en dernière année de mon graduat en informatique. Deux mondes que tout oppose, mais que j’ai réussi à faire cohabiter grâce à une organisation stricte et une volonté de fer.
1982
Football et Informatique
En 1982, je signe mon premier contrat de joueur semi-professionnel au Sporting de Charleroi. En parallèle, je décroche mon premier emploi chez SBAI, une société spécialisée dans les logiciels hospitaliers. J’ai 20 ans, et je jongle entre les entraînements le soir et le travail en journée. Pendant cinq ans, je monte en compétence dans les deux domaines : je passe de programmeur à chef de projets chez SBAI, tout en disputant près de 70 matchs en Division 1 avec le Sporting.
En 1985, nous vivons une montée historique en Division 1. C’est une période intense, exigeante, mais incroyablement formatrice. Le football m’a appris la discipline, le dépassement de soi, le travail en équipe. L’informatique m’a offert la rigueur, la logique, la structure. Ces deux univers m’ont façonné.
En 1988, le club me propose de passer professionnel à temps plein. C’est un moment charnière. J’ai 25 ans, et je prends une décision: je refuse. Je choisis de quitter le football professionnel et l’informatique pour me lancer dans une nouvelle aventure, celle du commerce.
1990
Virage commercial et carrière managériale
À 25 ans, je décide donc de changer de cap. Je quitte le football professionnel et l’informatique pour devenir commercial chez IBS, une société internationale en IT. Je pars travailler à Bruxelles, loin de mes repères, et je redémarre au bas de l’échelle. C’est un saut dans l’inconnu, mais je suis animé par l’envie de progresser et de sortir de ma zone de confort.
Je continue à jouer au football quelques années, en Division 3 à la RAAL, puis en Division 2 au Stade Louvain, avec un objectif personnel: apprendre le néerlandais. À 28 ans, je mets un terme définitif à ma carrière de joueur et entame des études d’entraîneur, par passion.
Cette même année, en 1990, j'ai épousé Patricia, la femme de ma vie, que je connais alors depuis cinq ans. Ce moment marque aussi le début d’une nouvelle stabilité dans ma vie. En parallèle, ma carrière commerciale évolue rapidement. À 30 ans, je deviens Sales Manager. Ce rôle me permet de prendre des responsabilités plus larges et de contribuer activement au développement d’IBS, tant à Bruxelles qu’en Wallonie.
En 1993 et 1995, Céline et Stéphane viennent compléter notre famille. Ces années sont intenses, riches en défis professionnels et personnels, mais elles renforcent mes convictions : l’engagement, la transmission et le sens du collectif sont au cœur de tout ce que je fais.
1999
La création de Easi
En 1999, j’ai 35 ans. IBS vient de vivre une année exceptionnelle : le personnel est passé de 60 à 100 collaborateurs, et on me propose de devenir directeur général de l’implantation de Bruxelles. Sur le papier, tout semble parfait. Mais au fond de moi, je ne suis pas totalement épanoui. J’aspire à plus de liberté, plus d’autonomie. Après dix années de loyauté et d’efforts sans compter, je veux devenir actionnaire. Mais aucune solution n’est envisageable.
Alors, je prends une décision qui en surprend plus d’un : je quitte mon poste, je renonce à une fonction de direction, et je fonde Easi avec Christian Castelain. On me traite de fou : fou d’emprunter autant d’argent, fou de mettre ma maison en garantie, fou de repartir de zéro. J’étais confiant, mais aussi très conscient du risque. Mes enfants avaient cinq et trois ans. Cette situation aurait pu me faire hésiter. Mais je suis allé de l’avant, sans me retourner.
Plus de 25 ans plus tard, Easi est devenue l’une des meilleures entreprises de Belgique. Nous sommes plus de 650 collaborateurs, avec un chiffre d’affaires de plus de 100 millions d’euros. Mais ce qui compte le plus à mes yeux, ce sont les valeurs qui nous unissent : l’engagement, la loyauté, le bonheur au travail.
Depuis 2015, nous sommes reconnus comme l’entreprise où les employés sont les plus heureux de Belgique. De plus, Easi est une société participative : plus de 30% des collaborateurs sont actionnaires. Le comité de direction est composé de personnes qui ont commencé leur carrière chez nous. C’est une fierté immense.
Un modèle humain
Chez Easi l’humain est au centre. Mais les intérêts de l’entreprise priment sur les intérêts individuels. C’est cette clarté qui nous rend performants.
Nos piliers : Valeurs humaines, Organisation, Efforts, Partage, Bonheur.
Nos valeurs : Respect, Égalité, Positivisme, Professionnalisme, Loyauté.
Nos ingrédients du bonheur : Reconnaissance, Liberté, Transparence, Mission, Amour.
Un vrai leader forme des leaders
Fin 2016, Easi est en pleine ascension. L’entreprise est reconnue, les résultats sont là, la culture interne est forte. Personnellement, je pourrais me reposer sur mes acquis, profiter de ce que j’ai construit. Mais une routine s’installe, et avec elle, une forme de lassitude. Je ressens le besoin de faire évoluer mon rôle.
Je repense à ce que j’ai vécu à 35 ans, quand je voulais plus d’autonomie et qu’on ne me l’a pas donnée. Je ne veux pas reproduire ce schéma avec mes propres collaborateurs. Je veux leur offrir ce que je n’ai pas eu à l’époque : la liberté de décider, de grandir, de prendre leur place.
C’est là que je prends une décision difficile mais essentielle : je quitte le comité de direction. Pas pour me retirer, mais pour faire un pas de côté. Pour laisser la place à ceux que j’ai formés, à ceux qui ont grandi avec Easi. Je suis convaincu qu’un vrai leader ne forme pas des suiveurs, mais des leaders. Et qu’il doit avoir le courage de se laisser dépasser.
Ce choix m’a libéré du pouvoir, mais il m’a aussi confronté à un vide. Je ne savais pas encore ce que j’allais faire de ce temps libéré. Mais je savais que je venais de poser un acte fort, fidèle à mes valeurs : confiance, transmission, humilité.
C’est une décision difficile, mais je suis fier de l’avoir prise.
2017
La RAAL, un projet de cœur
Après avoir quitté le comité de direction d'Easi fin 2016, je me suis retrouvé face à une nouvelle liberté. Une liberté précieuse, mais aussi déstabilisante. J’avais besoin d’un nouveau projet, d’un nouveau défi qui fasse sens. C’est alors que l’idée de relancer la RAAL La Louvière s’est imposée comme une évidence.
Ce club, c’est celui de mon enfance, celui où j’ai découvert le football à 8 ans, celui qui m’a formé, humainement autant que sportivement. Mais au-delà de la nostalgie, je voyais dans la RAAL une opportunité unique : celle de transposer le modèle Easi dans un univers qui en a cruellement besoin. Le football est souvent miné par l’individualisme, l’argent, l’ego. Je voulais prouver qu’un autre modèle est possible.
Nous avons lancé un plan à 10 ans, avec une vision claire : construire un club participatif, fondé sur les mêmes piliers que ceux d'Easi - valeurs humaines, organisation, efforts, partage et bonheur. Un club où les collaborateurs, les joueurs, les supporters et les partenaires avancent ensemble, dans un esprit de transparence et de responsabilité collective.
Je ne voulais pas être un président honorifique. Je voulais m’impliquer, mettre les mains dans le cambouis, contribuer activement à chaque étape. Repartir de zéro, encore une fois. Ce projet, c’est bien plus qu’un retour au football. C’est un acte de foi dans le collectif, dans ma ville natale, dans l’idée que l’on peut bâtir quelque chose de grand en restant fidèle à ses valeurs.
2019
Easi, Entreprise de l'Année
En 2019, Easi fête ses 20 ans et remporte deux prix : Entreprise de l’Année, ainsi que le titre renouvelé de Best Workplace en Belgique.
Mais au-delà des trophées, ce moment est symbolique. Il coïncide avec mon passage de témoin à Jean-François Herremans et Thomas Van Eeckhout, deux collaborateurs formés en interne, qui incarnent parfaitement l’ADN d'Easi. Ce choix n’est pas un retrait, c’est une continuité. Une manière de prouver que notre modèle fonctionne : former des leaders, leur faire confiance, et leur donner les clés.
En 2021, je vends 20 % de mes actions à mes collaborateurs, n'étant donc plus actionnaire majoritaire. Easi n’est plus ma société, c’est notre société.
2025
La RAAL en Pro League et l'Easi Arena
Huit ans après sa renaissance, la RAAL La Louvière réalise l’impensable : gravir les divisions, saison après saison, jusqu’à rejoindre la Pro League. Deux saisons ont été interrompues par le Covid, mais nous n’avons jamais perdu le cap. La montée en Division 1 coïncide avec l’inauguration de l'Easi Arena, un stade flambant neuf, conçu par Carré 7, ICM-Wanty et plus de 180 entreprises locales du Hainaut.
Ce stade n’est pas qu’un lieu de sport. C’est un symbole. Le fruit d’un projet collectif, né d’une ville, porté par ses forces vives. Il incarne notre vision : un football participatif, humain, ambitieux. Un football qui rassemble, qui inspire, qui respecte.
Champions League au féminin
Et ce n’est pas tout. Notre équipe féminine, elle aussi, incarne cette ambition. Après une ascension exemplaire, elle s’apprête à rejoindre la Super League, la Division 1 du football féminin belge. Mais notre rêve va plus loin : dans quatre à cinq ans, nous voulons accueillir à l'Easi Arena les grands clubs européens de la Champions League féminine — Juventus, FC Barcelone, et bien d’autres.
Ce projet dépasse le sport. Il porte une conviction : le football féminin mérite la même énergie, la même exigence, le même respect que le football masculin. C’est une nouvelle page que nous écrivons, avec passion, avec foi, et toujours avec les mêmes piliers : valeurs humaines, organisation, efforts, partage et bonheur.